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Christine de Stephen King

 

RÉSU

 

Christine est une Plymouth Fury 1958 de couleur rouge et blanche (sang et ivoire), modèle qui en soi est déjà unique, une aberration.
Véritable monstre sur roues, elle apparaît d'abord comme un infâme tas de ferraille.
La fascination qu'elle exerce aussitôt sur Arnie Cunningham est équivalente à la répulsion qu'elle soulève chez les autres.
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point et le jeune homme est le seul à percevoir la beauté intérieure de l'affreuse carcasse, qui fait écho à la perception peu flatteuse qu'il a de lui-même.
En signant ce pacte faustien qu'est l'acte de vente, il va lier son destin à celui de la voiture

La voiture tourne à l'obsession (voire à la possession) et le caractère du jeune homme se modifie grandement à son contact. Et ce n'est qu'un début.
Christine se montre d'un caractère jaloux et légèrement rancunier... voire beaucoup.
Elle porte à merveille son qualificatif de "Fury"!
Ce roman est très bien conçu et offre un intéressant panel de jeunes adolescents américains de 1978.

Les personnages sont bien campés. le harcèlement envers Arnie rappelle évidemment le sort de Carrie White, persécutée par ses "camarades" de classe. Il y a aussi Leigh, la douce petite amie d'Arnie... et bien d'autres que je vous laisse découvrir

King montre aussi des rapports pas toujours simples entre parents et enfants.
La mère d'Arnie est particulièrement dominatrice, manipulatrice. Ce n'est d'ailleurs pas le seul exemple dans l'œuvre du King.
Celui-ci maintient un suspense incroyable tout le long du roman, réservant à ses lecteurs quelques descriptions particulièrement horrifiques dont il a l'art.
Le final et l'épilogue sont, enfin, de toute beauté et atteste de la force et du talent de King, jusqu'au bout.
C'est un régal, tout va en crescendo, on ne quitte plus sa lecture.

Le style de cet auteur me touche toujours.
Il a vraiment beaucoup de talent pour décrire et développer la psychologie de ses personnages, et ce livre ne fait pas exception.

Déjà la fin ? zut encore merci Monsieur Stephen King, on en redemande dans ce genre !!


NB : le film confié au maître du fantastique John Carpenter, remportera à sa sortie en 1983 un coquet succès public et critique, et sera auréolé d'une sélection au Festival du Film Fantastique d'Avoriaz.

 

QUELQUES EXTRAITS

 

« Cette voiture, c'était un gag, un mauvais gag, et je ne comprendrai jamais ce qu'Arnie put lui trouver, ce jour-là. » (p. 15)
 

 

 

- Quand j'ai vu cette voiture, j'ai ressenti une incroyable attirance vers elle...Je ne me l'explique même pas bien moi-même. Mais...(ses yeux gris se perdirent au loin pendant quelques instants)...mais j'ai compris que je pouvais l'améliorer.
-La retaper, veux-tu dire ?
- Ouais...enfin, non ; c'est trop impersonnel. On retape les voitures ordinaires ; on répare une table, une chaise ou la tondeuse à gazon ; des trucs comme ça.(Sans doute vit-il mes sourcils se lever d'étonnement. Il poussa un rire, un petit rire défensif.).Oui, je sais que cela a l'air bizarre de dire ça. Cela me déplait, même, de dire une chose pareille. Mais t'es un vrai ami, Dennis, ce qui autorise un minimum de conneries, pas vrai ? Eh bien je suis persuadé que ce n'est pas une voiture comme les autres. J'ignore pourquoi je pense cela...mais c'est ce que je pense.

 

 

Christine avançait lentement, cahotant de-ci de-là comme une vieille ivrognesse montant péniblement une côte. La neige tombait de plus belle, inclinée par le vent.
Un des phares démolis par l'assaut clignota et se ralluma.
Un des pneus crevés se mit à se regonfler, puis ce fut le tour de l'autre.
La fumée diminua.
Le bruit irrégulier du moteur retrouva un rythme normal.

 

Je crois que les émotions et les événements possèdent une certaine... résonance qui se prolonge. Il est même possible que les émotions se propagent dans certaines circonstances inhabituelles... un peu comme le lait prend l'odeur d'un autre aliment au goût plus fort, dans un réfrigérateur.

 

 

Le moteur poussa un hurlement et Christine lui bondit dessus. Buddy cria et se jeta encore une fois de côté, mais cette fois le pare-chocs avant lui mordit le mollet et lui cassa l'autre jambe.